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Ecndant s’étant réformes , fe rétalîrent en France & y furent foufFerts dans la fuite fous le rè^ne de ce Prince & des Rois fes ftccelTears. Dans un tarif fait par Saint Louis ’pour’fcgicr le droit de péage qui fe payoit à l’entréu de Paris ’fous le

Ïetir Châteict , il eft dit que lôs ongleurs feroient quittes de tout ’péage , en faifant le récit d un couplet de chanfon devant les Péagers ;, & d une autre porte , que le Marchand qui apporroit un lînge j payetoit quatre deniers que n le (înge apparrenoit à un homme qui l’eut acheté pour fon plaifir y il ne donneroit rien ; que s’il étoit i un Joueur , il joueroit devant les Pcagers , & que par ce jeu il feroir qnitte du péage , tant du (inge que de tout ce qu il aurait acheté pour fon ufage : c’eft -de-là que vient cer ancien proverbe , payer en monno’u itjinge & en gambades.

Les Jongleurs n’habitoient i Paris qu’une feule rue qui avoit pris le nom de rue des Jongleurs , & qui eft aujourd’hui celle de Saint -Julien des Ménétriers. On y alloit louer ceux qu’on jugeoit â propos pour s’en fervir dans les fêtes ou aOemblées de plaifir.

Par une ordonnance de Guillimme de Germont Prévôt de Puris , du 1 4 Septembre 1595 , il fut défendu aux Jongleurs de rien dire » r^préfenter ou chanter dans les places pabliques ou ailleurs » oui pût eau* 1er quelque fcandale > a peine d’à* mende Se de deux mois de prifon au pain 8c à l’eau. Jongleurs , fe dit auflî de prétendus Magiciens ou Enchanteurs fort en réputfttôp cher les Sauvages de TA* méci<|B*«ùd’ailletirs ils exercent la Médecine.

Le Père de Charlevoiz rapporte

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que ces Jongleurs foht profeflion de n’avoir commerce qu’avec ce qu’ils appellent des génies bienfaifans^ tC qu’ils fe vantent de connoître par leur moyen y ce qui fe pade dan» les pays les plus éloignés ^ou ce qui doit arriver dans les temps les plu» reculés ; de découvrir la fource Se la nature des maladies les plus cachées , & d’avoir le fecret de le» { ;uérir ;dedifcerner dans les affaire» es plus embrouillées , le parti qu’il faut prendre de faire réuflîr les né«  gociations les plus difficiles y de rendre les Dieux propices aux guerriers & aux chaf&urs} d’entendre le ^"g^g^ des oifeaux , &c.

Une de leurs plus ordinaire» prépararions pour ntire leurs preftigcs y. c’éft de s’enfermer dans de» étuves pour fe faire foer. Ils ne différent alors en rien desPvthieSp telles que les Poëtes nous les onc repréfentées fur le trépied. On^le» 7 voit entrer dans des convuUîon» & des enthoufiafmes , prendre de» tons de voix & faire des aâions quir paroident au defTus des forces hiiF» maines. Le langa^ qu’ils pârlenir dans leurs invocations ,.n’a rien de commun avec un autre langage (ai»vage ; & ileft vraifemblable qu’ilne confîftequ’endes fonsinformes,pro^ duits fur le champ par une imagmtrion échauffée, & que ces charlatan» ont trouvé le moyen de le faire paCfer pour un langage divin ; ils pren«nent différens tons , quelauefois il» groffiffent leurs voix , puis ils contrefont une petite voix grcle , aflTea femblable i celle de nos marion«> nettes 8c on croit que c’eft leur cf-^ prit qui parle.

Quelquefois ils déclarent qu’ils vont communiquer aux racines fie aux plantes la vertu de guérir coof-