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Vue

dante tranfpiration -que le remède lui avoit caufée; la nuit fat très- bonne; le lendemain les mains n’é- tant pas défenflées, on fit une em- brocation avec l'huile d'olive, dans laquelle on mêla un pen d’alcali volatil. L'effet de ce remède fur prompt : une demi-heure après le malade pouvoir fléchir librement les doigts; il s’habilla & revint à Paris, après avoir déjeüné de très- bon appétit; depuis il alla de mieux en mieux, & fe rrouva entièrement guéri au bout de huir jours. L’en- Aure, l'engourdiflement des mains & une jaunilfe qui s’étoit montrée dès le troifième jour fur les deux avant-bras, furent diflipés par le même remède, dont il prenoit trois fois par jour , deux gouttes dans un verre de fa boiflon.

La vipère fournit beaucoup de remèdes : on s'en fer pour réfifter au venin, pour purifier le fang, pour la lèpre , la galle, les écrouel- les, les dartres rebelles & dans les fièvres malignes & peftilencielles. Il paroït que la principale vertu de la vipère eft d'accélérer la circula- tion du fang, d'en faciliter le mé- lange, de fondre les concrétions lymphatiques, & de né 8 ce moyen, les glandes de ces hu- meurs groflières & obftruantes, qui venant à y féjourner & à s’y aigrir, occafionnent une infinité de mala- dies cutanées auxquelles on donne le nom de /érophuleufes & de lé- preufes. On eft redevable de ces bons effets au fel aëtif & crès-péné- trant dont les vipères abondent, & qui vient des lézards & des taupes, dont elles fe nourriffent: car on fait que ces animaux étant diffous dans l'eftomac, fourniffent une grande quantité de particules volatiles, & c'eft en cela que confifte la différence

Var

de la chair de vipère d'avec celles des autres ferpens, qui, ne vivant que d'herbes & de gazons, font fort éloignés de polléder des propriétés qui nous rendent la vipère fi utile en médecine.

Les anciens Médecins faifoient manger, pendant Jong-remps, des vipères en guife de poiffon, roties fur le gril : ils ordonnoient un lon ufage des vins de vipères , & ils gué- rifloient , par ce moyen, les mala- dies les plus terribles & les plus opiniâtres , telles que la lèpre.

Les préparations les plus fimples de la vipère, & en même temps les meilleures, font les bouillons , la gelée, les firops & le vin de vi-

ère.

On fait fécher au foleil le cœur & le foie de la vipère: on les pul- vérife enfemble, & l’on appelle cette poudre bézoard animal : elle à les mêmes vertus que le corps de la vipère; elle fe donne dans du bouillon & dans quelque liqueur convenable, La chimie fournit plu- fieurs autres préparations, qui, fous une forme différente , ont les mêmes propriétés ; tels font l'eau diftillée, l'efprit, le fel volatil & l'huile de vipere, L'efpric & le fel volatil font les remèdes les plus en ufage que fourniffe la diftilation de la vipère. Ils poffèdent eux feuls les vertus les plus effentielles de l'animal. On s’en fert dans les fièvres malignes , dans la petite vérole, dans l’apoplexie, dans l'épilepfe, dans la paralyfe, dans les maladies hyflériques, & contre la piqüre de toures les bêtes venimeufes,

La graifle ou axonge de vipère eft un remède admirable dans les affedions des parties nerveufes, fpécialement des articulations, pro- venant de quelques caufes exter-