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vj AVERTISSEMENT.


d’une partie qu’il paroît n’avoir pas entendue. Il nous reprend d’avoir dit que la seconde syllabe d’Abondance étoit moyenne, tandis que lui, Auteur de la brochure, la prétend longue : il ne s’attache pas à prouver sa doctrine ; il se persuade que c’est assez de dire que la nôtre ne vaut rien : cependant comme il ne nous semble pas qu’on doive l’en croire sur sa parole, nous prions toute oreille françoise de décider la question : le résultat de l’examen sera sûrement que la première syllabe se prononce plus rapidement que la seconde, & que celle-ci se prononce moins lentement que la troisième, sur laquelle la voix appuie & se repose, ce qu’elle ne pourroit faire sur la syllabe ce, qui termine le mot, & qui étant sourde ou muette, ne laisse aucune prise à l’organe : il sera donc clair dès-lors, que nous avons eu raison de dire la première syllabe d’Abondance, brève, la seconde moyenne, la troisîème longue, & la quatrième très-brève.

Nous réfuterions avec le même avantage les autres critiques de ce genre qui se trouvent dans la brochure ; mais nous en renvoyons l’Auteur au mot Prosodie du grand Vocabulaire françois, où il pourra se convaincre de la justesse, tant des règles générales de prononciation que nous avons adoptées, que de l’application que nous en avons faite. Quelque respectable que soit l’autorité de l'Académicien cité dans la brochure, & quelque estimables qu’aient paru ses vues sur notre prosodie, il nous a semblé que nous pouvions suivre, sans nous égarer, d’autres routes que celles qu’il a indiquées, & nous osons croire que le Public ne nous désaprouvera pas.

L’Auteur de la brochure ne paroît pas mieux instruit sur la signification des mots de la Langue françoise, que sur leur prosodie. Il nous reprend d’avoir donné pour exemple au mot Accueillir, il est à propos de bien accueillir tout le monde, sous prétexte que le P. Bouhours a dit que le verbe Accueillir ne s’employoit plus en bonne part ; mais l’autorité du P. Bouhours prévaudra-t-elle sur l'usage & sur l’autorité de l’Académie Françoise qui, dans la dernière édition de son Dictionnaire, donne pour exemple de la définition de ce verbe, il nous accueillit de la manière du monde la plus honnête.

Le même Auteur nous reprend aussi sur la définition que nous avons donnée du mot Accusé ; il la croit vicieuse, & regarde au moins comme un pléonasme d'avoir fait entendre qu’on ne connoissoit en Justice d’accusé, que celui qui étoit décrété d’assigné pour être oui, ou d’ajournement personnel, ou de décret de