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PRÉFACE. 11

on indique la manière de le conjuguer ; on le conjugue, s’il est irrégulier ; on assigne son régime simple, & son régime composé ; on enseigne quels auxiliaires forment les temps composés des verbes neutres, & lorsque deux verbes se suivent dans une phrase ; on apprend comment on doit les lier & les unir, pour ne pas pécher contre la Langue.

L'exacte prononciation des mots est si essentielle à l'agrément d'une Langue, & sur-tout à son harmonie, qu'on doit être étonné du silence de nos Dictionnaires sur une partie si importante : il n'est point indifférent de prononcer telle ou telle syllabe avec rapidité, ou avec lenteur. Toutes nos syllabes, comme l'a très bien remarqué M. l'Abbé d'Olivet, sont ou longues ou brèves, ou très-brèves ou moyennes. Le grand Vocabulaire François offre sur cet objet, & à la suite de chaque mot, des règles détaillées qui, combinées d'après le physique du mot, & d'après l'usage reçu, donnent la quantité prosodique de toutes les syllabes, & apprennent à les prononcer correctement.

L'Orthographe est encore parmi nous une source continuelle d'erreurs & de méprises sur la prononciation. Il seroit naturel de parler comme on écrit, puisque l'écriture n'a été instituée que pour être l'image de la parole : le même son devroit être marqué par les mêmes Lettres ; mais à comparer la Langue écrite avec la Langue parlée, on seroit souvent tenté de croire que ce sont deux Langues tout-à-fait différentes, tant est grande la bizarrerie de notre Orthographe. Ces bizarreries trop fréquentes multiplient les obstacles qui s'opposent aux progrès de notre Langue parmi les Etrangers, & même parmi les Nationaux : la méthode suivie dans le grand Vocabulaire doit faire cesser ces obstacles. Pour ne point choquer les zélés Partisans de l'étymologie, & ne rebuter personne par une Orthographe nouvelle, nous écrivons les mots tels que les écrit le Dictionnaire de l'Académie Francoise ; nous disons comment le mot se prononce, nous l'écrivons ensuite d'après la prononciation, & nous proposons les changemens qu'il conviendroit de faire pour ramener l'écriture à son institution primitive.

Les syllabes finales se prononcent différemment, selon qu'elles rencontrent une voyelle ou une consonne ; les unes se font sentir dans le discours soutenu, & deviennent muettes en conversation ; d'autres se font sentir également dans l'une & l'autre circonstance ; nous avons des expressions qui sont diphtongues en prose, & qui forment deux syllabes en Poësie : le grand Vocabulaire fait ces observations sur tous les mots qui en sont susceptibles.


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