Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 2.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 40 —

traires à la religion bouddhiste, jamais les talapoins ne leur font de réprimandes. Ils n’ont pas charge d’âmes ils s’imaginent que la sainteté est pour eux seuls, et qu’il est impossible aux laïques d’y parvenir.

Les Thai ont une grande vénération pour les talapoins ; ils leur donnent des titres pompeux ; ils se prosternent devant eux, même au milieu des rues, en joignant les mains jusqu’au dessus de la tête ; les mandarins et les princes les saluent des deux mains ; mais le roi ne les salue que d’une seule, et les fait asseoir près de sa personne. Tous les jours il distribue l’aumône à plus de trois cents d’entre eux en les servant de sa propre main ; exemple que la reine et les principales concubines suivent avec une grande dévotion. Cette grande vénération n’est pas précisément attachée à la personne, mais simplement à l’habit ; c’est pourquoi, dès qu’un talapoin a défroqué, il perd à l’instant tout droit aux égards et au respect qu’on lui témoignait naguère. Les Siamois sont dans la persuasion qu’on acquiert un grand mérite en prenant l’habit jaune, et que ce mérite est applicable aux âmes des parents défunts ; voilà pourquoi ils exigent que tous leurs garçons se fassent talapoin