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stabilité des choses humaines, il leur dit : Ne vous attachez pas aux biens de ce monde, parce qu’ils vous échapperont malgré vous ; rien dans l’univers ne vous appartient, votre personne elle-même n’est pas à vous, puisque vous ne pouvez pas la maintenir dans le même état, et qu’elle change continuellement de forme. Il leur enseigne aussi de n’avoir ni haine, ni amour pour rien que ce soit ; d’établir leur âme dans un état d’indifférence telle, que les biens et les maux les trouvent également insensibles ; qu’ils ne soient pas plus touchés des louanges que des injures, des bons traitements que des persécutions ; qu’ils supportent la faim, la soif, les privations, les maladies et même la mort avec une égalité d’âme imperturbable. Il cite des exemples de talapoins qui vivaient dans la plus grande sécurité au milieu des tigres ; de temps en temps l’animal féroce en dévorait un d’entre eux sans que les autres éprouvassent la moindre crainte et songeassent à quitter leur chère solitude.

Les talapoins regardent comme un de leurs devoirs de faire des prédications au peuple mais du reste ils s’inquiètent fort peu si leur doctrine est mise en pratique. Les laïques ont beau se livrer à toute sorte de désordres, et faire des actes con-