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avec ses ennemis. Cette sentence prononcée, on le fit monter sur un éléphant, et on le mena, soussbonne garde, dans la forêt de Thale-Phutson, comme si le tyran eût choisi l’horreur de cette solitude pour y ensevelir dans l’oubli cette action injuste et barbare.

Ceux qui le conduisirent remarquèrent que, pendant tout le chemin, il avait paru tranquille qu’il avait employé ce temps en prières, prononçant souvent à haute voix les noms de Jésus et de Marie.

Quand il fut arrivé au lieu du supplice, on lui fit mettre pied à terre, et on lui annonça qu’il fallait mourir. La vue de la mort ne l’étonna point ; il la vit de près, comme il l’avait vue de loin, et avec la même intrépidité. Il demanda seulement à Sojatan encore quelques moments pour achever sa prière, ce qu’il fit à genoux, d’un air si touchant, que ces infidèles en furent attendris. Sa prière faite, il leva les mains au ciel, et protestant de son innocence, il assura qu’il mourait volontiers avec le témoignage intérieur, que lui rendait sa conscience, de n’avoir rien fait dans son ministère que pour la gloire du vrai Dieu, pour le service du roi et pour le bien de l’État ; qu’il pardonnait à ses en-