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gardes de lui permettre de parler à ce religieux pour lui demander quelque argent, leur promettant qu’ils y auraient part. On apprit par là l’état humiliant où était cette illustre affligée, enfermée dans une écurie, où, à demi-morte des tourments qu’on lui avait fait endurer, elle était couchée sur un morceau de natte, ayant son fils à ses côtés. Le Père lui envoya tous les jours de quoi vivre, et ce ne fut que par ce secours qu’elle subsista elle et sa famille à laquelle elle le distribuait avec si peu d’égards pour soi, qu’elle ne s’en réservait jamais qu’un peu de riz et de poisson sec, ayant fait vœu de s’abstenir de viande le reste de ses jours.

Jusque-là, le grand mandarin n’avait osé faire mourir M. Constance, que le général des Français lui avait envoyé demander comme une personne qui était sous la protection du roi son maître ; mais, jugeant alors qu’il n’avait plus rien à craindre ni de lui, ni de ses amis, il prit la résolution de s’en défaire. Ce fut le 5 juin, qui était la veille de la Pentecôte, qu’il confia cette exécution au phaja Sojatan, son fils, après que, sans autre forme de justice, il eut fait lire dans le palais la sentence de mort portée par lui-même contre ce ministre qu’il accusait d’avoir été d’intelligence