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Cet appareil étonna d’abord cette pauvre femme abandonnée à la fureur de cette bête féroce. Elle poussa un grand cri, et se prosternant à ses pieds elle lui dit d’un air capable d’amollir le cœur le plus dur : Ayez pitié de moi ! Mais cet homme barbare lui répondit avec sa férocité ordinaire qu’il n’en aurait aucune pitié, la fit prendre et attacher à la porte même de sa chambre, et il commença à la faire frapper sur les bras, sur les mains et sur les doigts d’une manière impitoyable. À ce spectacle son aïeule, ses parentes, ses servantes, son fils poussèrent des cris dont tout autre que ce barbare aurait été touché. Cette famille désolée se jeta tout ensemble à ses genoux, et frappant la terre du front, lui demanda miséricorde ; mais ce fut inutilement. Il continua à la faire tourmenter depuis sept heures jusqu’à neuf, et n’en ayant rien pu tirer, il la fit enlever elle et sa famille, à la réserve de son aïeule que son grand âge et une grande maladie ne permirent pas de transporter.

On fut quelque temps sans savoir ce que madame Constance était devenue ; mais on le découvrit enfin. Un père jésuite passait un jour devant les écuries de son palais, lorsqu’une tante de cette dame, qu’on y avait renfermée avec elle, pria les