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nécessaires à la vie, jusqu’à ce que madame Constance, ayant découvert où il était, eut obtenu de les lui fournir.

Elle ne put le faire longtemps ; car elle en manqua bientôt, elle-même. L’usurpateur avait paru d’abord respecter sa vertu, elle en avait même obtenu des grâces ; il lui avait fait rendre son fils, que des soldats lui avaient caché, et s’était justifié auprès d’elle assez honnêtement de ce rapt. Ces égards ne furent pas de longue durée. Si la vertu de madame Constance avait adouci pendant quelques jours la férocité du tyran, ses richesses, qu’on croyait immenses, l’irritèrent, de telle sorte, que rien ne fut capable de l’apaiser.

Dès le 30 mai on vint lui demander les sceaux des charges de son mari ; le lendemain, on lui enleva ses armes, ses papiers, ses habits ; un autre jour, on mit le scellé à ses coffres et on en prit toutes les clefs ; on mit un corps-de-garde devant son logis et une sentinelle à la porte de sa chambre comme pour la garder à vue. Rien ne l’avait altérée jusque-là ; mais cette dernière insulte la consterna tellement, qu’elle ne put s’empêcher de s’en plaindre. Hé quoi, s’écria-t-elle en pleurant, qu’ai-je donc fait pour être traitée comme une