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s’en trouvèrent en peu de temps si embarrasses et si fatigués, qu’ils résolurent de descendre à terre et de continuer leur voyage à pied. La chose n’était pas sans difficulté. Le peuple, averti par les talapoins auxquels on avait enlevé le ballon et par les rameurs fugitifs, s’attroupait de toutes parts sur le rivage et les suivait avec de grands cris. Ils sautèrent sur le rivage, malgré cela, et gagnèrent les plaines de Juthia où, pour comble de malheur, ils s’égarèrent. La populace les suivait toujours, et quoiqu’elle n’osât les approcher, elle ne les perdait pas de vue et ne laissait pas de les inquiéter. Ils s’en seraient néanmoins tirés, si la faim ne les eût contraints à entrer en pourparlers afin d’avoir des vivres. On leur répondit qu’on ne leur parlerait point tandis qu’ils seraient armés ils furent donc obligés de quitter leurs armes. Alors cette lâche canaille, au lieu de leur fournir des vivres, se jeta sur eux, les dépouilla, les mena garrottés à Juthia, d’où ils furent renvoyés à Louvô avec mille traitements indignes. Une troupe de trois cents mahométans, que Pitraxa, averti de leur fuite, avait envoyés après eux, et qu’ils rencontrèrent au retour, les traita si brutalement, qu’un nommé Brecy mourut sous les coups. Les