Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 2.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 337 —

plus grands d’entre eux se préparent déjà à la première communion. Tout à coup, cet homme éprouve une perte considérable ou tombe grièvement malade ; ne pouvant plus nourrir sa famille, il se trouve obligé d’emprunter à usure chez les païens. Comme son travail suffit à peine pour l’entretien de sa famille, et qu’il ne lui reste rien à donner au créancier, les usures s’accumulent, et au bout de trois ans égalent le capital. Alors l’impitoyable créancier vient saisir ces pauvres enfants qui, fondant en larmes, sont arrachés du toit paternel et emmenés chez un maître barbare. Dans les premiers temps, on les traite encore avec assez d’humanité pour leur faire oublier leur père et mère ; mais bientôt leur maître les traite avec plus de rigueur ; il cherche même, en toute occasion, à pervertir ces innocentes créatures ; s’il les voit prier, il les frappe du rotin ; il ne leur permettra pas d’aller à l’église, même une seule fois dans l’année ; s’ils y vont furtivementle dimanche, on les bat, on les met à la chaîne ; on force par toute sorte de mauvais traitements les filles à saluer les talapoins et à leur distribuer l’aumône tous les matins ; devenues nubiles, elles seront livrées, malgré elles, comme concubines ou femmes, à