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le missionnaire est reçu comme un ange du ciel tout le village se met en mouvement, vient à sa rencontre ; on se prosterne, on lui baise les pieds, les mains, on pleure de joie, on le conduit en triomphe au vestibule de la modeste chapelle tout le monde vient lui demander sa bénédiction ; l’un lui apporte de la chair de porc, l’autre du poisson ; celui-ci des poules, celui-là des canards ; bientôt les légumes, les fruits, les gâteaux s’amoncèlent on dirait qu’il va s’ouvrir un marché. Le missionnaire, comme un père au milieu de ses enfants, est touché de ces démonstrations de joie et d’amitié ; il ouvre sa petite caisse de voyage, en tire des chapelets, des images et des médailles qu’il distribue, puis annonce les exercices de la mission. Pendant quinze jours ou trois semaines un tam-tam chinois convoque les chrétiens matin et soir ; messe, prières, instructions, confessions tous les jours, enfin communion générale ; on tue un énorme porc, on fait un grand festin où une petite dose d’arak ou eau-de-vie de riz égaie les néophytes, et sur le soir, on remplit de provisions la barque du missionnaire, qui, après les avoir bénis, prend congé de ses chers enfants tous accroupis sur le rivage. Les rames fendent les eaux