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de cuisine sont en usage à Bangkok : la chinoise, qui est douce et fade, et la siamoise, qui est forte et épicée, car le poivre-long y domine. On peut vivre là très-bien et à bon marché, puisque tout y abonde ; mais en voyage et dans les provinces c’est tout autre chose. Quand on se met en route, on doit faire une provision d’œufs salés, de poisson sec, de poivre-long et surtout de kapi (saumure composée de myriades de petites crevettes broyées, laquelle exhale une odeur infecte). Il arrive quelquefois que, les provisions étant épuisées, on est obligé de manger tout ce qui tombe sous la main, des limaçons, des grenouilles, des cancres, du lizeron aquatique, du cresson du tamarin, des feuilles tendres, des fruits sauvages, des pousses de bambous, de la chair de buffle, de chat, de requin, de crocodile, des anguilles jaunes qui sont un vrai serpent, des chauves-souris, de la chair de boa, du singe, des vers-à-soie, des corbeaux, de la peau de rhinocéros, etc., etc. Mais si vous avez un fusil, vous ne manquerez de rien : dans une demi-heure, pendant que vous êtes à dire l’ofn’ce, vos gens vont à la chasse dans les champs ou dans les bois, et reviennent chargés de gros oiseaux tels que paons, cigognes, pélicans, oies sauvages,