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bétel, des cigares et des services en vermeil pour le thé et le café. Le roi s’étant assis dans un magnifique fauteuil, on entama la conversation partie en siamois, partie en anglais. Cependant Sa Majesté fit servir du thé et du café, et des pages, rampant sur leurs genoux, ayant offert des cigares à chacun, on se mit à fumer. La conversation, qui dura près d’une heure, roula surtout sur la religion. Le roi dit, entre autres choses : « C’est un mauvais système de persécuter la religion ; je suis d’avis de laisser chacun libre de pratiquer celle qu’il voudra. » Puis il ajouta : « Quand vous aurez fait un certain nombre de prosélytes quelque part, faites-le-moi savoir, et je leur donnerai des chefs chrétiens, de manière à ce que les gouverneurs païens ne puissent pas les vexer. » Comme monseigneur de Mallos se disposait à faire un voyage en France, il demanda et obtint l’agrément de Sa Majesté qui lui fit cadeau d’une certaine somme pour l’aider à payer les frais du voyage. Enfin l’évêque et les missionnaires prirent congé du roi en le remerciant de l’accueil exceptionnel qu’il avait daigné leur faire, car il est inoui, dans les annales de Siam qu’aucun Européen, soit évêque, soit ambassadeur, ait jamais eu à la cour une telle réception.