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distribuer la paie annuelle aux officiers et aux soldats chrétiens, ces officiers et ces soldats, suivant l’avis qu’on leur en avait donné, se rendirent au palais pour la recevoir. Le roi, étant informé de leur arrivée, s’écria tout à coup : À quoi bon donner la paie à ces gens-là ? ils ne veulent assister à aucune de mes cérémonies ; ils refusent même de venir jouer de leurs instruments à ma suite, aux jours de fête que nous célébrons. On ne manqua pas de mettre le tout, comme à l’ordinaire, sur le compte de l’évêque et des missionnaires français. Alors le roi manifesta l’intention de les faire sortir du royaume, mais sans permettre qu’on leur fit aucun mal. Dès que cette nouvelle fut connue, tous les fidèles, hommes, femmes et enfants, fondant en larmes, accoururent en foule dans les églises pour prier, gémir et se confesser. Peu de jours après, les Siamois firent une de leurs processions ordinaires sur la rivière. Quelques-uns des chrétiens y assistèrent par crainte du roi. Dès que l’évêque en fut informé, il porta, le dimanche suivant, sentence d’interdit contre les coupables qui avaient refusé de demander pardon à l’Église. De onze chrétiens, qui avaient encouru l’interdit, dix revinrent à résipiscence, les uns même avant que