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rins seuls dans une prison, et l’évêque avec les deux prêtres furent conduits dans une autre. Au bout de deux mois, les trois mandarins furent délivrés de leurs liens, et malheureusement ils passèrent de la prison à la pagode pour y boire la maudite eau du serment.

Le 26 septembre, après la flagellation des missionnaires, plusieurs chrétiens et chrétiennes, tous éplorés, accoururent à la prison où ils furent conduits. On avait la liberté d’entrer ; chacun s’empressait de les soulager, d’essuyer leurs plaies et de leur rendre les services dont ils pouvaient avoir besoin dans l’état où ils se trouvaient. Une pieuse veuve, ayant étanché avec quelques linges le sang qui coulait de leurs plaies, garda ces linges teints de leur sang et les emporta dans sa maison ; d’autres chrétiens et chrétiennes, qui n’étaient pas allés à la prison, s’empressèrent d’aller voir ces linges ensanglantés dans la maison de la veuve, et plusieurs, les prenant en main, les baisèrent avec respect et vénération.

Tout cela se passait sans que l’évêque et les missionnaires en eussent aucune connaissance et dans un temps où l’état de leurs plaies, encore toutes saignantes, ne leur permettait guère de penser à