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rent de faim. M. Corre, missionnaire, enterra en moins de quinze jours une famille entière de chrétiens enlevée par la misère. À ce fléau se joignit une maladie qui, dès le commencement, ôtait à la fois l’usage de la parole et celui de la raison. Le malade semblait frappé de stupidité ; par moments seulement il sortait de sa léthargie et recourrait la liberté de son jugement. Tous les matins la rivière était couverte de cadavres.

Dans cette extrémité, les Siamois, et plus encore les Chinois, se mirent à piller les pagodes ils brisèrent les idoles en briques, firent fondre celles qui étaient de cuivre ou de bronze. On trouva jusqu’à cinq jarres d’or et d’argent dans la pagode de Vat-padu. Le grand dôme de Val-Phutthai fournit de l’or pour charger trois ballons. Enfin toutes les pyramides des pagodes furent saccagées et détruites, car c’est principalement dans ces pyramides que les Siamois avaient enfoui des sommes considérables, persuadés qu’elles pourraient leur être utiles dans leur génération future. D’ailleurs le nouveau roi ne faisait aucun cas des talapoins qu’il regardait comme des fainéants ; il disait qu’il valait mieux faire l’aumône aux vagabonds qu’aux talapoins, qu’on pourrait tirer quelque service de