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à la fin du mois de janvier 1765, à recevoir les Barmas, M. Kerhervé se rendit au port afin de s’embarquer ; mais y ayant trouvé une embarcation cochinchinoise qui amenait à Siam des écoliers de ce pays, il crut cette occasion favorable pour sauver les anciens et les nouveaux écoliers, et, pour faciliter leur fuite, il resta au port à les attendre. Cependant, comme les ennemis n’allèrent pas pour lors au delà de la province de Ténasserim, les écoliers restèrent au collège, et M. Kerhervé, ayant perdu l’occasion de s’embarquer, retourna lui-même à Siam sur la fin de février.

Cependant les favoris du roi, sentant l’incapacité des Siamois, firent courir le bruit que l’ennemi s’était retiré à Ava. Les devins endormirent le roi par leurs contes, et lui firent donner un édit par lequel il signifiait à ses sujets qu’ils n’avaient plus rien à craindre des Barmas. On renvoya les milices en dépit du bon sens ; on permit aux soldats chrétiens de voyager sur mer, et on entretint le peuple dans des réjouissances superstitieuses. Un mandarin maure persuada à la cour qu’en mettant sur la terrasse de la ville, de distance en distance, trois poutres jointes ensemble pour soutenir, sur des cordes, des canons à une