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rent pas aussi modérés ; ils montèrent avec précipitation dans le presbytère pour piller ; ils y trouvèrent M. Andrieu qui leur donna les clefs pour ouvrir son bureau et ses coffres. Ils mirent en pièces celui où étaient renfermés le calice et les ornements de la messe, et se saisirent de tout. Comme M. Alary entrait dans sa chambre pour leur ouvrir aussi sa malle, un soldat, pensant qu’il entrait pour cacher quelque chose, lui présenta sa lance en le menaçant de le tuer. Le missionnaire lui fit signe qu’il voulait le satisfaire ; pour lors, le soldat entra avec lui, et pilla tout ce qu’il trouva. M. Alary prit seulement son Bréviaire, une Bible, le Nouveau-Testament, le livre de l’Imitation de Jésus-Christ, et le concile de Trente, pour empêcher ces livres d’être brûlés. Il s’attendait aussi à sauver au moins les habits qu’il avait sur le corps ; mais dans le moment même il fut dépouillé de la tête aux pieds ; on lui laissa seulement sa chemise et sa calotte. Il eut beau représenter que la pudeur était offensée, qu’il ne pouvait paraître en cet état, toutes ses représentations furent inutiles ; il fut obligé de sortir en chemise, sans caleçon, sans souliers et avec la seule calotte qu’il avait sur la tête, portant entre ses mains les livres dont on a déjà