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l’ordonner bonze. En effet, Phra-Khôdom s’en alla seul dans la forêt, ou le terrible Ong-Kuliman attendait les passants. Dès que le brigand le vit, il courut sur lui, avec ardeur, tenant le sabre levé, comptant bien compléter le nombre de ses victimes. Quant à Phra-Khôdom, il marchait d’un pas grave et majestueux, sans faire attention au brigand qui le poursuivait à toutes jambes. Au bout de quelque temps, Ong-Kuliman le voyant toujours à la même distance, se mit à lui crier : Qui es-tu donc ? es-tu un homme, un ange ou un démon ? car, malgré que je coure de toutes mes forces, je vois que je ne puis pas t’attraper. Phra-Khôdom lui répondit : Quand même tu volerais plus vite qu’un oiseau, tu ne pourras jamais m’atteindre. Le brigand le poursuivit jusqu’à perdre haleine et il tomba enfin exténué de fatigue, en priant Phra-Khôdom de s’arrêter, s’avouant vaincu et levant les mains pour saluer le saint avec le plus profond respect. Alors Phra-Khôdom lui fit un sermon qui le convertit sur-le-champ ; il l’emmena, doux comme un agneau, dans son monastère, où il lui donna les habits de bonze comme il l’avait prédit.

Thevathat, beau-frère de Somana-Khôdom, se