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rer au charitable prélat qu’il pourrait obtenir la liberté d’un grand nombre de chrétiens siamois qu’on avait faits esclaves. Il la demanda avec instance, quelques-uns furent relâchés, d’autres furent retenus par des maîtres avides.

La guerre étant allumée dans toute l’Europe, on trouvait rarement des voies sûres pour envoyer de l’argent aux Indes. Le séminaire de Siam, toujours fort nombreux, ne pouvait ni fournir la pension annuelle à ceux qui travaillaient dans les royaumes voisins, ni entretenir les séminaristes. Une sécheresse extraordinaire fit extrêmement renchérir les denrées à Siam. Le poisson, qui est la nourriture la plus commune après le riz et les fruits, manqua presque entièrement par un accident qui semblait tenir du prodige. Le 28 février 1693, la rivière étant fort basse et fort claire, l’eau tout à coup en devint si épaisse et si verte qu’elle était propre à teindre en cette couleur. Une espèce de crême encore plus épaisse et plus verte couvrait toute la surface de ce grand fleuve. Une quantité prodigieuse de poissons mourut, et on n’osait manger de ceux qu’on prenait vivants. Ce phénomène dura environ quinze jours, après quoi l’eau devint claire et potable. La sécheresse