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qu’on n’avait peut-être jamais vu en aucun endroit du monde : des officiers et des gentilshommes français, des ecclésiastiques et des prêtres, presque nus, semblables à des squelettes et à des cadavres, enchaînés avec les plus iniâmes scélérats, porter sur leurs épaules des paniers pleins de terre et d’immondices, exposés aux railleries et aux insultes d’un peuple irrité et insolent.

Les Maures, quoique mahométans et ennemis des chrétiens, firent une requête en leur faveur ; mais leur chef, qui était un mandarin de première classe, voyant que cette requête n’avait pas plu à la cour, demanda des prisonniers pour transporter de la terre dans son jardin ; on lui donna deux missionnaires et il les traita très-rudement. Des officiers anglais, passant dans la rue des Maures, virent ces deux missionnaires chargés de paniers ; ils furent touchés de leur état, allèrent trouver le mandarin mahométan, lui protestèrent que, s’il ne faisait cesser ce rude traitement, ils ne feraient aucun quartier aux Maures qu’ils rencontreraient dans leurs courses, et de plus ils firent porter aux missionnaires une somme assez considérable.

Le mahométan, effrayé de ces menaces, fit ôter les chaînes aux deux missionnaires, les exempta