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vreuil dépositaires. Le lendemain, ils firent conduire les séminaristes, les écoliers et les domestiques au Lakhonban. C’est une prison formée par une enceinte de gros pieux, sans couvert, remplie de boue, d’insectes et de puanteur, où l’on est exposé à toutes les rigueurs des saisons et surtout aux pluies qui inondent chaque année le royaume. Là, ils partagèrent les souffrances des Français qui n’étaient pas partis avec M. Desfarges. On n’eut aucun égard ni à l’âge des écoliers, dont plusieurs étaient encore enfants, ni à la dignité des missionnaires. On leur fit souffrir la faim, la soif, la nudité, les cangues, les ceps, les menottes et des coups de rotin, sans nulle compassion. Il n’y en eut pas un seul qui ne portât des marques sanglantes de la cruauté avec laquelle leurs gardiens les traitaient. Sept laïques y perdirent la vie, et plusieurs missionnaires, comme nous verrons, moururent peu de temps après qu’ils furent délivrés. De neuf jésuites français qui étaient à Siam, le seul père La Breville y était resté. On alla le saisir dans la maison des Pères portugais de sa compagnie, et on le mit en prison avec les missionnaires.

Ce fut alors qu’on vit dans les rues de Siam ce