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dame, se virent forcés de la remettre entre les mains des mandarins.

Les Français s’embarquèrent, laissant des otages et emmenant avec eux deux mandarins mais en route il s’éleva une contestation sur la reddition des otages : M. Desfarges ne voulut pas céder, malgré les lettres pressantes de monseigneur de Métellopolis. Alors les Siamois irrités se jetèrent avec impétuosité dans le balon de monseigneur de Métellopolis, se saisirent de sa personne, le chargèrent de tant de coups, qu’il est étonnant que ce prélat, déjà infirme, ne mourut pas entre leurs mains. Ils le traînèrent par la vase de la rivière, le prirent par les mains, par les pieds et par la tête, et le jetèrent demi mort sur des herbes où, pendant deux heures, il demeura exposé aux ardeurs du soleil, aux moustiques, aux insultes des soldats, des matelots, des femmes et des enfants, qui accouraient de toutes parts à ce spectacle. On lui arrachait la barbe, on lui crachait au visage, on vomissait contre lui les imprécations les plus horribles et les invectives les plus atroces. Ceux qui ne pouvait fendre la presse et s’approcher pour le frapper, lui jetaient de la boue. Il souffrit tous ces rudes traitements en présence du barcalon,