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reconduisirent Bouddha sur la terre en faisant pleuvoir des montha ou fleurs célestes qui répandaient des parfums délicieux à dix lieues à la ronde.

Les brames voyant glorifier Bouddha, en conçurent une grande jalousie. Chaque fois qu’on venait entendre les sermons de Phra-Khôdom, on lui offrait des fleurs en telle abondance, qu’elles formaient un grand monceau à côté de la salle de prédication. Les brames ayant tué une jeune fille, l’enfouirent secrètement sous ces fleurs. Au bout d’un jour ou deux, tandis qu’il y avait affluence d’auditeurs, on se demandait les uns aux autres d’où pouvait venir une certaine odeur cadavéreuse ; on fit des perquisitions et, quand on eut découvert le cadavre, des brames apostés s’écrièrent que c’était une jeune fille dont Phra-Khôdom avait abusé. La plupart ajoutèrent foi à cette calomnie et désertèrent le parti du saint, tandis que d’autres, attribuant la chose à la malice de ses ennemis, lui demeurèrent fidèles. Les brames, voyant que leur succès n’avait pas été complet, imaginèrent une autre ruse ; ils engagèrent une jeune et belle femme de leur secte à feindre qu’elle était convertie au bouddhisme.