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tait point dans les audiences particulières cette grandeur fastueuse, ni ces manières hautaines qui rendent inaccessibles la plupart des souverains de l’Asie. Humain, poli, bienfaisant, il savait associer à la majesté royale les agréments de la vie civile, et se familiariser quelquefois, sans rien perdre de sa dignité. Il aimait ses sujets en père, et il en étaient aimé jusqu’à l’adoration. Tous les étrangers étaient reçus par lui avec bonté, jouissaient de sa protection et affluaient de toutes parts dans son royaume. Ses ports étaient remplis de vaisseaux de toutes les parties du monde. On entendait parler tant de langues, on voyait tant de différentes nations dans sa capitale, qu’il semblait, dit un voyageur français, qu’elle fût la ville de tous les peuples et le centre du commerce de tout l’univers.

Les missionnaires se présentèrent sans crainte devant un roi si chéri, et si digne de l’être. Il les reçut avec sa politesse ordinaire. Monseigneur de Bérythe le remercia, par une courte harangue, de la bonté avec laquelle il leur permettait de rester dans ses États, et de la grâce qu’il leur accordait de paraître en sa présence. Le roi parut satisfait du discours du prélat, et lui fit plusieurs questions sur l’étendue de la France, sur son commerce, ses