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Lisbonne, se chargea de l’exécution. Un jour de dimanche, sur le soir, il se rendit à la maison de monseigneur de Bérythe avec une nombreuse escorte, et affectant des airs audacieux : Qu’on avertisse, dit-il, l’évêque que je veux lui parler. Monseigneur de Bérythe averti alla avec deux missionnaires le trouver dans la salle où il se promenait, l’aborda avec politesse, le remercia de l’honneur qu’il lùi faisait de le visiter et le pria de s’asseoir. Ce n’est pas pour vous faire une visite, lui répondit brusquement l’aventurier, que je suis venu. Je viens pour vous sommer de me montrer la permission que le roi, mon maître, vous a donnée de venir aux Indes, et, si vous y êtes venu sans son ordre, je vais dans le moment vous saisir avec vos prétendus missionnaires, et vous conduire au pied de son trône. Sourd à toutes les raisons que monseigneur de Bérythe lui alléguait, il l’eût infailliblement enlevé par violence ; mais les Cochinchinois, avertis de l’insulte qu’on faisait chez eux à un évêque destiné pour leur nation, coururent aux armes, entrèrent en foule le sabre à la main dans la salle. Leur capitaine saisit l’aventurier à la gorge, le menaça de lui trancher la tête, le chassa, et si monseigneur de Bérythe n’eût