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n’est en droit de combattre ni de mépriser celle d’autrui.

Telle était la tolérance des religions à Siam, lorsque les vicaires apostoliques y arrivèrent. Mais, dans la suite, les talapoins voyant que, par le zèle des missionnaires, le christianisme faisait des progrès considérables, appréhendèrent qu’à la fin on n’abandonnât entièrement le culte des idoles, et qu’on ne leur retranchât les aumônes. Ils ont tâché de décrier cette nouvelle religion parmi le peuple ; ils ont fait craindre à la cour qu’elle ne causât quelque changement dans l’État. La révolution arrivée en 1688 leur a fourni des raisons spécieuses pour rendre leurs calomnies vraisemblables. Ils sont venus à bout d’obtenir du roi des défenses de prêcher l’Évangile à ses sujets, et les ouvriers évangéliques ont été souvent cruellement persécutés, comme nous le dirons plus tard.

Pour ce qui regarde l’âme de l’homme, les Siamois sont persuadés qu’elle ne meurt point avec le corps ; de là vient que chacun vit avec épargne pour amasser de l’argent qu’il cache le plus secrètement qu’il peut, afin que son âme puisse s’en servir au besoin, quand elle sera errante après s’être séparée de son corps. Cette folle opinion