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riz et tirent de leurs forêts différentes productions qu’ils vont vendre à Bangkok. J’étais venu pour sonder leurs dispositions envers la religion ; j’étalai donc sur le rivage une optique et quelques autres curiosités. Il n’en fallut pas davantage pour attirer la foule qui se pressait pour voir le palais des Tuileries, Saint-Pierre de Rome et autres vues magnifiques qui excitaient au plus haut degré leur admiration. Cependant plusieurs femmes m’apportaient du riz, des poissons et des fruits comme pour me remercier de leur avoir montré de si belles choses, Enfin, les principaux chefs m’invitèrent à monter chez eux, m’offrirent l’arec, le bétel et le cigare, et m’accablèrent de questions, ce qui me donna occasion de leur prêcher la religion chrétienne. Alors, ils m’engagèrent à venir m’établir au milieu d’eux je leur répondis que ne pouvant venir moi-même, j’enverrais quelque autre à ma place. Le lendemain je pris congé d’eux ; je descendis la rive jusqu’au canal qui fait communiquer les deux fleuves. Malheureusement nous fûmes obligés de passer une nuit dans ce canal où nous fûmes dévorés par des nuées de moustiques ; toute la nuit fut employée à se battre avec eux. Quel supplice de se sentir sucer le sang