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de mots presque semblables qui ne diffèrent que par les tons, il s’ensuit que celui qui est encore novice dans l’étude de cette langue est exposé à faire des contre-sens absurdes et ridicules. Par exemple, au lieu de dire huá-phet qui signifie diamant, il dira huá-pet (tête de canard) ; au lieu de dire ao fai ma, apporte-moi du feu, il dira ao fai ma, apporte-moi du coton ; ou bien au lieu de khà rak khai, j’aime les œufs, il dira khà ras chai j’aime la fièvre. On s’est amusé à composer certaines phrases assez longues où presque tous les mots se ressemblent, par exemple celle-ci : kháo bok Khao và klái Krung Kao mi kháo pen rùn kháo mi khào kháo mén khao klún mài khào, on dit que près de l’ancienne capitale il y a une montagne qui a la forme d’une corne où se trouve du riz blanc qui a une mauvaise odeur au point qu’on ne peut pas le manger.

Ce que je viens de dire pourrait faire supposer que la langue thai est bien pauvre ; mais il faut considérer d’abord que tous ces mots qui nous paraissent semblables sont cependant bien différents et ne s’écrivent pas de la même manière ; en second lieu, cette prétendue pauvreté est bien compensée par l’abondance des mots pour expri-