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qui le mit de suite à exécution. Il établit donc le monopole sur l’arak, puis sur le tabac, ensuite sur les jeux, l’huile, les torches, les feuilles de palmier pour la toiture des maisons, le charbon, le bois à brûler, le kapi, le marché, la pêche, l’extraction des mines, etc., etc. Depuis lors, les monopoles n’ont fait qu’accroître tous les ans. Les Siamois et les Chinois se sont disputé quelque temps la possession de ces monopoles en les mettant à l’enchère ; mais les Chinois ont fini par l’emporter et en sont restés les maîtres. On ne peut s’imaginer combien d’abus, que de maux et d’oppression en résultent pour le pauvre peuple, vu les pouvoirs sans bornes que le roi accorde aux monopoleurs. Prenons, pour exemple, la fabrication de l’arak : si quelqu’un distille un peu d’arak de contrebande, et qu’on aille l’accuser aux Chinois, ceux-ci viennent en foule faire irruption chez le délinquant, enchaînent impitoyablement hommes, femmes et enfants, confisquent le mobilier, la maison, le jardin, et, non contents de cela, ils exercent les mêmes ravages dans les maisons voisines ; de sorte que d’un seul coup ils font esclaves trois ou quatre familles entières, au lieu de s’attaquer au seul coupable. Ils trouvent moyen