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contribution annuelle d’une trentaine de francs ; que s’ils refusent de se faire Chinois, ou de renoncer à l’opium, ils seront condamnés à mort. On ne se fait pas une idée des malheureux effets de l’opium. Pour se procurer cette funeste drogue, qui se vend au poids de l’argent, on se ruine, on vend sa femme et ses enfants ; l’usage de ce poison lent énerve et prive absolument des forces physiques, au point qu’on n’est plus bon à rien. Le besoin de l’opium devenant tous les jours de plus en plus impérieux, on s’abandonne au vol pour pouvoir s’en procurer ; on finit par aller languir et mourir en prison, ou bien l’abstinence forcée de ce poison engendre une lente dyssenterie qui fait toujours périr misérablement. Tout le monde sait que l’opium est le suc ou extrait d’une espèce de pavot de l’Inde, où les Anglais le font cultiver sur une vaste échelle ; de là ils le répandent en Chine et dans tous les pays voisins. Pour faire usage de l’opium, on en dissout quelques grammes dans une petite quantité d’eau bouillante, de manière à ce qu’il ait une consistance sirupeuse ; on y mêle du tabac très-fin, et les amateurs mollement étendus sur des coussins, le fument avec des petites pipes chinoises. Des effets d’une douce