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de trois pieds seulement ; au bout d’une heure ou deux ils le retirent et trouvent une centaine de dorades ou bonites étranglées dans les mailles du filet. Après avoir dégagé le poisson, ils recommencent l’opération, jusqu’à l’aurore, où le poisson, voyant le filet, ne s’y prendrait plus. La raie, la sole, le saumon et autres poissons de mer se rencontrent abondamment aux embouchures des fleuves où sont établies de grandes pêcheries, surtout pour les sardines, dont j’ai déjà parlé plusieurs fois.

Les crevettes de mer sont d’une grande ressource pour le peuple, et font l’objet d’un commerce considérable. Le frai de crevettes est employé à faire une espèce de pâte en saumure qu’on appelle kapi, dont l’usage est universel dans tout le royaume. Or, voici comment on fait le kapi : au moyen de petites sennes en fil de soie, on amasse une grande quantité de petites crevettes ou de frai, on les mêle avec une certaine quantité de sel dans des petites cuves en bois, on attend qu’il s’établisse une fermentation putride ; alors, plusieurs personnes broient la matière avec les pieds, et l’on obtient une pâte qui, au bout de quelques jours, prend une couleur violette on en remplit des petits boisseaux et on la livre au commerce. Cette pâte, très-salée et un