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adorer le vestige du pied de Buddha, dont je parlerai bientôt. Sur les deux rives, ombragées de tamarins et de manguiers, les villages se succédaient presque sans interruption ; les habitants pêchaient, se baignaient, des troupes d’enfants se jouaient dans les eaux ou s’amusaient sur les bancs de sable ; les tourterelles, les perroquets et quantité d’oiseaux divers animaient encore la scène par leur ramage agréable et varié. Je vins coucher à un grand village appelé Thà-Rûa ; c’est là que l’on met pied à terre pour aller à Phra-Bat, où est le vestige du pied de Buddha. Aussi trouvâmes-nous plus de cinq cents grandes barques en station dans cet endroit : tout était illuminé, on y jouait la comédie dans une grande salle sur le rivage ; dans les barques, les uns jouaient des instruments, les autres chantaient ; on se régalait, on buvait le thé, on jouait aux dés ou aux cartes chinoises, on riait, on se disputait ; c’était un tapage et un vacarme épouvantable qui durèrent toute la nuit.

Le lendemain matin je vis sortir de cette foule de barques des princes, des mandarins, des richards, des dames, des jeunes filles, des talapoins, tous en habits de fête ; ils montèrent en foule sur