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lontiers. Voyant qu’il n’y avait ni pagodes ni talapoins dans ce village, et que d’ailleurs les habitants paraissaient bien disposés envers la religion chrétienne, je résolus de m’y fixer. Tous les enfants et les jeunes gens m’ayant offert leurs services, en quatre jours ma petite chapelle de bambous fut achevée. Là, tous les soirs, se faisaient des instructions suivies de la prière ; le jour, j’allais dans les bois, visiter les villages voisins.

À trois lieues de l’endroit où j’étais, sur un bras du fleuve, et au pied de montagnes très-pittoresques, est située une ville célèbre appelée Nophaburi, fondée l’an 600 de notre ère, et qui fut longtemps capitale d’un petit royaume. Si l’on en juge par les ruines de ses murailles, de ses palais et autres édifices, et par le grand nombre de ses pagodes encore debout, on est convaincu que c’était une ville populeuse, riche et puissante. J’allai visiter le palais du fameux Constance, qui parvint à la dignité de premier ministre en 1658 ; on y voit une jolie petite église chrétienne ; l’autel à colonnes cannelées et dorées est surmonté d’un baldaquin où est écrit en lettres d’or : Jesus hominum salvator. Les talapoins ont placé la statue de Buddha sur cet autel et sont venus s’installer dans les appartements de