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À MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTMORANCY,
PAIR ET CONNESTABLE DE FRANCE.




lettrine onseigneur, ie croy que vous ne trouuerez mauvais de ce que ne vous ay esté remercier, lors qu’il vous pleut d’employer la Roine mère, pour me tirer hors des mains de mes ennemis mortels et capitaux. Vous savez que l’occasion de vostre œuvre, ensemble mon indigence, ne l’a voulu permettre : ie cuide que n’eussiez trouvé bon que i’eusse laissé vostre œuvre, pour vous apporter un grand merci. Jesus Christ nous a laissé un conseil escrit en Sainct Matthieu, chapitre 7, par lequel il nous desfend de semer les marguerites devant les pourceaux, de peur que, se retournant contre nous, ils ne nous deschirent : si j’eusse creu ce conseil, ie n’eusse été en peine vous prier pour ma déliurance, vous asseurant, à la vérité, que mes haineux n’ont eu occasion contre moy, sinon pour ce que ie leur auois remonstré plusieurs fois certains passages des Escritures Sainctes, où il est escrit que celuy est malheureux et maudit, qui boit le laict, et vestist la laine de la brebis, sans lui donner pasture. Et combien que cela les deust inciter à m’aimer, ils ont par là prins occasion de me vouloir faire destruire comme malfaicteur : et est chose véritable que si ie me fusse confessé ès juges de cette ville, qu’ils m’eussent fait mourir avant i’eusse sceu obtenir de vous aucun secours. Et l’occasion qui mouuoit aucuns Juges à estre un corps et une ame, et une même volonté auec le Doyen et Chapitre, mes parties, c’estoit parce qu’aucuns desdits Juges estoyent parens dudit Doyen et Chapitre, et possèdent quelque morceau de benefice, lequel ils craignent perdre, parce que les laboureurs commencent à gronder en payant les dixmes à ceux qui les reçoyvent sans les mériter. Je me fusse très bien donné garde de tomber entre leurs mains sanguinaires, n’eust esté que l’auois espérance qu’ils auroyent esgard à vostre œuure ; et à l’incitation de Monseigneur le Duc de Montpensier, lequel me donna une sauue garde, leur interdisant de