Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/436

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388

gratitude de la fortune ; l’époque où, lancé dans la controverse religieuse, il s’associait avec d’autres artisans pour fonder à Saintes la nouvelle église ; et comment supposer que de si nombreuses, de si graves préoccupations lui eussent permis de s’occuper de Sébastien Colin, et de répondre à un pamphlet qui, du reste, n’avait aucunement trait à ce qui l’intéressait le plus ? Quant à l’opuscule en lui-même, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’indépendamment de la faiblesse du style et des raisonnements, la physique en est souvent fausse et contradictoire. L’auteur parle des quatre éléments d’Aristote et des quatre humeurs qui y correspondent, suivant la doctrine de Galien ; il compare le microcosme au macrocosme, conformément aux idées de Pythagore, que Palissy ne connaissait point, ou qu’il n’eût sans doute pas adoptées s’il en eut eu connaissance. Il se moque des médecins qui ne savent ni le latin ni le grec, ce qui, à ses yeux, n’eût certes pas été un crime. Il contredit, comme doctrine, toutes les idées de Palissy sur la physique générale et la géologie, sur la formation des pierres et l’origine des métaux ; enfin, cet écrit eût été opposé comme forme, à sa manière d’argumenter toujours pleine de force et de logique, comme au ton habituel de sa discussion, toujours grave, sérieux et réservé. Ajoutons que c’eût été le seul dans lequel il eût négligé la forme de dialogue, qui donne partout à son argumentation tant d’intérêt et de mouvement.

Quoi qu’il en soit, cet ouvrage fût-il sorti de la plume de Bernard Palissy, il faut reconnaître que la gloire de cet homme de génie en serait peu augmentée, et que, comme œuvre scientifique, il eût ajouté peu de chose aux lumières de l’époque où il fut composé.