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DES PIERRES.

moilon il se trouue de la pierre que l’on appelle liais, laquelle est tellement condensée que l’on en peut tirer des pierres de telle grandeur que l’on veut, et sont lesdites pierres fort dures, et en fait on communement des marches pour les escalliers, et aussi l’on en fait des couuertures sus les monuments, Ceste preuue te deuroit suffire : par ce que tu pourras contempler esdittes pierres que la cause pourquoy elles sont plus dures dessous que dessus, n’est autre sinon que les eaux, qui passent au trauers des terres, descendent en bas, et ayant trouué le bas foncé de quelque terre argileuse, au trauers de laquelle les eaux n’ont sçeu passer si promptement comme elles faisoyent en haut, elles ont este arrestées ; et quand le premier lict a esté congelé il a seruy de vaisseau pour retenir les autres eaux, qui descendoyent au trauers des terres, et par ce moyen lesdites pierres ont tousiours eu abondance d’eau, qui a causé qu’elles sont beaucoup plus dures que celles de dessus. Et te faut noter que celles de dessus ne sont tendres sinon par ce que les eaux n’y peuuent demeurer iusques à ce que la congelation soit paracheuée. Et ce defaillement d’eau est pour deux causes principalles, l’vne est celle que i’ay dit, que les eaux descendent tousiours et delaissent la partie haute, l’autre est que la terre est alterée en esté, par la vertu du soleil, et de là vient qu’elle ne peut produire les pierres en leur perfection : et telles pierres superieures se pourroient appeller marcassites, par ce que au dessus des minieres metalliques, et en plusieurs autres lieux, se treuue des metaux imparfaits, que l’on appelle marcassites, à cause de leur imperfection. Et tout ainsi comme les pierres congelées es parties les plus basses et plus aqueuses, sont plus parfaictes que les autres, aussi voit on que les metaux les plus parfaits se treuuent bien souuent dedans les eaux, lesquelles il faut pomper auec grand labeur. Il faut donc tenir pour chose certaine qu’il y a deux causes qui donnent la dureté aux pierres, l’une est abondance d’eau, l’autre est la longue decoction : car plusieurs pierres peuuent estre engendrées d’eau, qui toutesfois ne seront pas dures. Nous en auons vn fort bel exemple aux plastrieres de Montmartre, pres Paris, car parmy icelles il se treuue certaines veines d’vn piastre qu’ils appellent hif, ou miroirs, lequel se fend comme ardoise, aussi tenuë que feuilles de papier, et est aussi clair que verre. Il est comme vne es-