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DES METAVX

neufue, ou vn Roman de la Rose, en ce qu’ils auront parlé contre les œuures de Dieu ? Et cuides tu que ie sois si mal instruit, que ie ne sçache bien que l’or et l’argent et tous autres metaux sont vne œuure diuine, et que c’est temerairement entrepris contre la gloire de Dieu, de vouloir vsurper sur ce qui est de son estat. Or tout ce qui est donné à l’homme de pouuoir faire enuers les metaux, c’est d’en tirer les excremens, et les purifier et examiner, et en former telles especes de vaisseaux ou monnoyes que bon luy semblera ; et est chose semblable aux cueillettes et cultiuement des semences. Car c’est à l’homme seulement de trier le grain d’auec la paille, le son d’auec la farine, et de la farine en faire du pain, et de pressurer les grappes pour en tirer le vin : Mais c’est à Dieu de leur donner le croistre, la saueur et couleur : ie di qu’ainsi que l’homme ne peut rien en cest endroit, aussi ne peut-il enuers les metaux.

Theorique.

Comment ? tu parles icy de semer ; comme si les metaux venoyent de semence, comme le bled ou autres vegetatifs.

Practique.

Ie n’ay pas entrepris un tel propos, ny mis vn tel argument en auant sans quelque raison. Ne sçay-ie pas bien que tous ces conuoiteurs de richesses, qui taschent de sçauoir faire l’or et l’argent, quand on leur dit qu’il y a long-temps qu’ils sont apres, et que l’on ne voit aucune experience, ils disent que tout en cas pareil que le laboureur attend patiemment le temps et saison de la cueillette, apres auoir semé : aussi faut qu’ils attendent, et que cela ne se peut faire qu’auec la generation qu’ils ont conclud faire dedans leurs vaisseaux, qu’ils

    Il écrivit beaucoup sur la science hermétique, mais il insista peu sur la transmutation des métaux. Geber était l’oracle des alchimistes.


    Arnaud de Bachuone, ou de Villeneuve, florissait au commencement du xiiie siècle. On lui attribue à tort la découverte de la distillation, déjà connue, et décrite dans les ouvrages des chimistes des iiie et ive siècles de notre ère. Arnaud de Villeneuve n’était autre qu’un charlatan, et l’un des meilleurs types des alchimistes-jongleurs du moyen âge.


    Le Roman de la Rose, l’un des plus anciens poèmes de notre langue, fut commencé vers la fin du xiiie siècle par Guillaume de Lorris, et achevé par Jean de Méun (Jehan de Meung), surnommé Clopinel ou le Boiteux, poète favori de Philippe-le-Bel. Il renferme deux écrits alchimiques en vers. Quant au Miroir d’alchimie, c’est un ouvrage supposé et attribué faussement à Jean de Méun.