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toit naturellement fol : et quand au demeurant tu serois le plus sage du monde, si est-ce qu’en cest endroit, tu es imitateur, et suis l’exemple d’vn fol. Vray est qu’vne folie de longue main entretenue, est estimee sagesse : mais de ma part, ie ne puis accorder, que telle chose ne soit vne directe folie. Apres cestuy, ie vous empoignay la teste d’vne croteuse femme d’vn officier royal, sçauoir est de robe-longue, et l’ayant mise à l’examen, et auoir separé l’esprit d’auec le terrestre, ie trouuay la susdite grandement pleine de folie en sa teste, lors pensant faire deuoir de Chrestien, ie luy dis, Mamie, pourquoy est-ce que vous contrefaites ainsi vos habillemens ? Ne sçauez vous pas bien, que les robes ne sont faites en Esté, que pour couurir la dissolution de la chair ? et en Hyuer, pour cela mesme, et pour les froidures ? et vous sçauez que tant plus les habillemens sont proches de la chair, d’autant plus ils tiennent la chaleur, aussi de tant mieux ils couurent les parties honteuses : Mais au contraire, vous auez prins vne verdugale, pour dilater vos robes, en telle sorte que peu s’en faut, que vous ne monstriez vos honteuses parties : apres luy auoir fait vne telle remonstrance, en lieu de me remercier, la sotte m’appella Huguenot : quoy voyant, ie la laissay, et prins la teste de son mary, et l’ayant examinee comme les autres, ie trouuay de grandes folies et larrecins : lors ie luy dis, Pourquoy est-ce que tu es ainsi fol, de chicaner et piller les vns et les autres ? il me dist que cestoit pour entretenir ses estats, et qu’il ne pourroit auoir patience auec sa femme, s’il ne lui donnoit souuent des accoustremens nouueaux, et qu’il falloit desrober pour entretenir ses estats et honneurs. O fol, di-je, lors ta femme te fera elle mordre en la pomme, comme fit celle de nostre premier pere ? il te vaudroit mieux auoir espousé vne bergere : tu n’auras point d’excuse sur ta femme, quand il faudra comparoistre deuant le siege iudicial de Dieu. Apres cestuy, je prins la teste d’un Chanoine, et ayant fait examen de ses parties, comme dessus, ie trouvay qu’il y auoit plus de folies qu’en tous les autres. Ie luy demanday lors, Pourquoi est-ce que tu es si grand ennemi de ceux qui parlent des authoritez de l’Escriture saincte ? mais iceluy respondant, dist que ne seroit qu’on le vouloit contraindre d’aller prescher en ses benefices, qu’il tiendroit la partie des protestans : mais à cause qu’il n’auoit aprins à