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Larcher, une explication de la fable de Marsyas qui pourra nous dédommager de celle que Paléphate n’aurait pas manqué d’ajouter à son récit : Larcher l’attribue au fameux péripathéticien Génois Fortunio Liceti : selon Diodore de Sicile, Marsyas, jouant de la flûte, l’emportait sur Apollon jouant de la lyre simplement, et le Dieu, pour triompher de son rival, dut joindre les accens de sa belle voix aux accords de sa lyre ; mais selon Fortunio Liceti, il en fut autrement : l’invention de la lyre diminua considérablement la vogue de la flûte ; or, dans ce temps-là, c’était une monnaie de cuir qui avait cours, et les musiciens, comme les autres, recueillaient volontiers du cuir : Apollon, qui jouait de la lyre, faisait des collectes beaucoup plus abondantes que Marsyas qui ne jouait que de la flûte, de sorte qu’on en vint à dire, qu’Apollon avait enlevé le cuir à Marsyas.

CHAP. XLIX.

Sur Phaon. (1).

Phaon était nautonier de profession, et transportait les passagers sur un bras de mer (2) : tout le monde se louait de lui, parce qu’il était modéré et ne se faisait payer que par les riches : sa conduite fut admirée des Lesbiens et reçut les suffrages de Vénus qu’ils appellent Aphrodite ; la déesse ayant revêtu la forme d’une vieille femme, va proposer à Phaon de lui faire faire la traversée ; Phaon se dispose aussitôt à la servir et la transporte sans salaire à l’autre bord. Et que fit alors la déesse pour récompenser son zèle ? elle le rajeunit, dit-on, et lui rendit la beauté et la vigueur de ses premières années. Ce Phaon est celui, pour qui Sappho a souvent chanté sa passion (3).

(1) Dans le dialogue de Lucien entre Simyle et Polystrate, comme ce dernier se vante de la vie joyeuse qu’il a menée dans un âge très-avancé, grace aux soins et aux prévenances dont il