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ravageait les côtes et enlevait les Troyens. L’oracle consulté répondit que les fléaux cesseraient si Hésione, fille de Laomédon, était livrée en pâture au monstre marin : la pauvre Hésione fut donc attachée à un rocher au bord de la mer. Hercule l’ayant aperçue promit de la délivrer, à condition que Laomédon lui abandonnerait les chevaux, dont Jupiter avait fait don aux Troyens, en indemnité de l’enlèvement de Ganymède : Laomédon y consentit, Hercule tua le monstre et délivra Hésione ; mais Laomédon ayant encore manqué à sa parole, Hercule indigné s’éloigna en jurant qu’il reviendrait faire la guerre aux Troyens. Tel est le récit un peu succinct d’Apollodore (liv. 2, chap. 5, § 9, p. 80-81 édit. in-8o  de Heyne 1803). Diodore de Sicile (au liv. IV, chap. 32, p. 94-95, tom. 3 de l’édit. de Deux-Ponts) nous apprend que c’est en allant à la conquête de la toison-d’or, avec les Argonautes, qu’Hercule eut ainsi l’occasion de délivrer Hésione. Il raconte ensuite toute l’histoire à peu près comme Apollodore (au chap. 42 du même livre, p. 121-123) : Hercule ayant permis à Hésione de rester à Troie ou de le suivre, elle choisit ce dernier parti, autant par reconnaissance, que dans la crainte de se voir exposée encore à de nouveaux périls ; mais Hercule au retour de l’expédition des Argonautes, ayant inutilement demandé qu’on lui livrât Hésione et les chevaux invincibles, revint assiéger Troie avec six vaisseaux, tua Laomédon et dévasta la ville. Il la remit ensuite au pouvoir de Priam, le seul des fils de Laomédon qui eût conseillé l’accomplissement des promesses faites à Hercule (chap. 49, p. 139-141).

Il y a deux allusions à cette fable dans l’Iliade : au Xe chant, quand Neptune empêche Junon de prendre part au combat entre les Grecs et les Troyens, les Dieux vont s’asseoir, pour mieux voir la bataille, derrière le retranchement que les Troyens et Minerve élevèrent jadis pour protéger Hercule, quand il dut quitter le rivage pour échapper à une attaque du monstre marin (Iliad. X, v. 144-148).

Au 5e chant Tlépolème, fils d’Hercule, avant d’en venir aux mains avec Sarpédon, fils de Jupiter, l’apostrophe selon l’usage des anciens héros, en niant qu’il soit le fils d’un Dieu : « mon père Hercule était bien un autre homme, dit-il, lui qui, venu