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(4) Héraclite (fable 15, page 74 des opusc. mythol. de Thomas Gale) suppose que Chimère était une femme qui régnait despotiquement à l’aide de deux frères nommés Lion et Dracon (serpent) et qu’elle fut tuée par Bellérophon.

Plutarque (Traité des vertus des femmes) rapporte une autre tradition sur cette fable. D’après cette version c’était Amisodare lui-même qui, parti d’une colonie de Lyciens auprès de Zélée, exerçait la piraterie sur les côtes de la Lycie avec une flotille commandée par un nommé Chimère, homme très-courageux mais féroce. À la proue du navire monté par Chimère était la figure d’un lion et à la poupe celle d’un serpent. Il faisait beaucoup de mal aux Lyciens ; mais Bellérophon lui donnant la chasse, sur Pégase, l’atteignit et le tua (Plutarque, tom. 7, p. 18 de l’édition de Reiske).

Servius (sur le v. 288 du liv. VI de l’Énéide) dit qu’en réalité la Chimère est une montagne de la Lycie dont le sommet jetait encore des flammes de son temps (au Ve siècle) ; que des lions se tenaient dans la partie supérieure, que le pied de la montagne était infesté de serpents et que la partie moyenne abondait en pâturages où les chèvres se multipliaient (tom. 6, p. 367 du Virgile de Lemaire) ; mais je n’ai rien trouvé de semblable ni dans Pline l’ancien, ni dans Pomponius-Méla. C’est pour avoir rendu cette montagne habitable, ajoute Servius, que Bellérophon eut le renom d’avoir tué la Chimère (ibid).

CHAP. XXX.

Pélops et ses chevaux.

On dit que Pélops s’en alla à Pise, avec des chevaux ailés, demander la main d’Hippodamie, fille d’Ænomaüs. Pour moi je dis qu’il en est des chevaux de Pélops comme de Pégase. Car, si Enomaüs avait vu des ailes aux chevaux de Pélops, il n’aurait pas permis à sa fille de monter dans le char qu’ils traînaient. Ce que l’on doit penser de