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CHAP. XVIII.

Éole (1).

On dit qu’Éole étant le souverain des vents, les mit, renfermés dans une outre, à la disposition d’Ulysse (1). Pour ce qui est de cela, je pense bien qu’il est clair pour tout le monde que c’est un conte. Il est vraisemblable qu’Éole étant astrologue avait indiqué à Ulysse les saisons pendant lesquelles devaient commencer à dominer certains vents (2). On ajoute qu’il avait élevé un mur d’airain autour de sa ville (3), et c’est encore un conte. C’était, j’imagine, à cause des hommes armés auxquels il avait confié la défense de la ville (4).

(1) C’est Homère au 10e chant de l’Odyssée qui fait le récit de cette aventure. Le seul vent favorable au retour d’Ulysse avait été laissé en liberté. Déjà Ulysse touchait à Ithaque, lorsque, pour son malheur, fatigué d’avoir toujours tenu lui-même le gouvernail pendant neuf jours et neuf nuits, il prend un peu de repos. Ses compagnons jaloux des trésors qu’ils supposent renfermés dans cette outre, profitent de son sommeil pour l’ouvrir, et déchaînent ainsi tous les vents qui élèvent à l’instant une violente tempête et rejettent de nouveau le vaisseau d’Ulysse sur les côtes de l’île d’Éolie. (Odyssée, Rhaps. K. v. 1-76). Ovide résume en neuf vers le récit d’Homère (Métam. liv. XII, v. 224-232).

(2) Selon Diodore de Sicile Éole régna sur les îles Éoliennes ainsi appelées d’après lui (liv. IV, chap. 67, p. 194-195, tom. 3, édit. de Deux-Ponts) et y fonda la ville de Lipasi (p. 196). C’est ce même Éole, dit-il ailleurs, qui donna l’hospitalité à Ulysse, apprit aux navigateurs à se servir de la voile et à prévoir la direction des vents, en observant les mouvements de la fumée (liv. V, chap. 7, p. 265).

(3) Odyssée, liv. X, v. 3-4.