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CHAPITRE V

LOI DE SOLIDARITÉ SOCIALE ET LOI DE GREGARISME

La loi de solidarité se rattache directement à la loi fondamentale de la conservation sociale. La solidarité agit d’une part en effet pour triompher des ennemis extérieurs, et d’autre part pour anéantir les éléments intérieurs dangereux ou réfractaires. Elle s’efforce de fortifier le lien social qui existe déjà. Elle réunit dans une communauté d’intérêts et de défense tous les individus qui font partie à un même moment d’un même groupe. La solidarité est pour ainsi dire une continuité sociale dans l’espace, comme la continuité sociale est une sorte de solidarité dans la durée entre les générations qui se succèdent pendant la vie d’un groupe.

La loi de solidarité s’applique à tous les domaines de l’activité humaine. Il y a une solidarité économique ; une solidarité politique (au sein d’un même parti) une solidarité religieuse, une solidarité professionnelle (esprit de corps), une solidarité de classe (esprit nobiliaire, esprit bourgeois, solidarité prolétarienne). La solidarité a été très étudiée de nos jours. De nombreux auteurs en ont étudié les effets (Izoulet, Bourgeois, etc.). Malheureusement les idées ont été plus d’une fois obscurcies ici par l’abus des métaphores biologiques et par la prétention d’assimiler une société à un organisme et les individus pensants à des cellules vivantes. Le point de vue exclusivement optimiste sous lequel on a envisagé la solidarité a aussi contribué à fausser les idées.