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CHAPITRE III

LOI D’ADAPTATION VITALE

Pour survivre aussi bien que pour se constituer, une société doit répondre à un besoin vital, à une nécessité naturelle, interne ou externe. En d’autres termes, elle doit être l’organe d’une fonction nécessaire. La permanence de la fonction garantit alors la permanence de l’organe. Une société qui remplit une fonction utile peut soutenir des chocs et subir des épreuves qu’une société sans raison d’être est hors d’état de supporter.

Jhering remarque que toutes les formes juridiques qui ont chance de durer répondent à un besoin vital profond du groupe, et quand ces besoins se transforment, le droit lui-même se transforme. — Le droit coutumier, si tenace, est l’expression d’une adaptation, — sous l’empire de la contrainte — entre l’élément vainqueur et l’élément vaincu qui finissent par se fondre en une même société. « Les puissants, dit M. Ch. Andler, se coalisent et s’organisent pour durer ; l’accoutumance est venue aux opprimés avec l’impossibilité de la révolte. C’est cette coutume faite de la domination accapareuse des uns et de l’asservissement résigné des autres qui est la forme spontanée du droit[1]. »

On peut distinguer deux formes de l’adaptation sociale, l’adaptation externe et l’adaptation interne. Il

  1. Ch. Andler, Introduction au Droit au Produit intégral du Travail.