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LIVRE III


COMMENT LES SOCIÉTÉS SE CONSERVENT



CHAPITRE PREMIER


loi générale de la conservation sociale

Une société, une fois formée, tend à se maintenir.

Voyons donc à présent quelles sont les lois qui président à la conservation des sociétés.

Suivant une remarque de Schopenhauer, la vie sociale est la forme la plus énergique du vouloir vivre universel. « L’État, dit quelque part ce philosophe, est le chef-d’œuvre de l’égoïsme humain. » Le mot est vrai non seulement de l’État, mais de toute société. Un groupe social, quel qu’il soit, est férocement attaché à l’existence. Il déploie, pour se défendre et s’accroître une avidité, une astuce, une ténacité, une cruauté, une absence de scrupule, absolument inconnues de la psychologie individuelle. Joignez à cela l’exposant d’hypocrisie dont s’affecte tout égoïsme collectif. Comme il s’agit de la défense d’un Intérêt général qu’on érige en dogme sacré, toutes les fourberies et toutes les immoralités deviendront légitimes au nom de la Raison d’État, au nom de l’Impératif vital du groupe.

Toutes les énergies individuelles seront, sur tous les