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La théorie de la Socialité ou psychisme social de M. de Roberty rentre, ainsi que celle de M. Isoulet, dans le groupe des théories biologiques. M. de Roberty est préoccupé de trouver un fait « postérieur et extérieur au fait vital, antérieur et extérieur au fait mental[1] », qui serait l’objet propre de la Sociologie. — Ce fait n’est autre que la Socialité, forme de l’énergie universelle, comme les énergies physique, chimique et physiologique.

L’individu social humain est le produit de trois facteurs : 1o l’organisme et en particulier le cerveau. 2o la Socialité, 3o la conscience ou idéalité. — C’est l’union de ces trois facteurs, surtout les deux derniers, qui donne naissance aux manifestations de la vie psychique collective. M. de Roberty croit pouvoir donner par son hypothèse une interprétation de ce fait noté par Sighele que le simple fait de prendre contact, de se tasser, de s’agglomérer tend à abaisser aussi bien le niveau intellectuel que l’étiage moral des unités composant le nouveau groupe, qu’il soit accidentel ou permanent. Ce fait provient de ce que l’individu psychique étant le produit de deux facteurs, le facteur biologique et la socialité, « on rétrogade quand on va du composé à ses parties, soit l’individuel biologique, soit la socialité ». Or, dans les assemblées, c’est la socialité qui agit seule ; la cérébralité individuelle est momentanément abolie. « Dans les foules, dit M. de Roberty, chaque fois qu’elles agissent en véritables foules, il y a toujours, pour ainsi dire, reprise de l’élément primordial (du collectif), et prédominance de ce facteur sur le produit combiné (l’individu social). On s’en aperçoit très vite par des symptômes caractéristiques, tels que le jeu plus libre des instincts sociaux, des passions collectives, et surtout par l’absence de responsabilité. Il en va de

  1. E. de Roberty, Morale et Psychologie (Reçue philosophique, octobre 1900).