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grandes variétés au sein de ces trois grandes races, et enfin en quatrième lieu il faut distinguer des formations de types résultant de la combinaison plus ou moins simple ou complexe de ces grandes races. L’histoire n’a guère affaire qu’aux formations du quatrième degré. Aussi longtemps que la race demeure pure, la mentalité constitutive des membres d’un peuple reste uniforme et immuable. Le mélange des éléments ethniques d’un peuple avec des éléments étrangers constitue la dégénération de ce peuple. Le mélange des sangs (panmixie) engendre la diversité des idées et des croyances, l’apparition des théories révolutionnaires et enfin la ruine de la société altérée par des éléments étrangers[1]. En un mot, ce qui réunit les hommes et fonde les sociétés, d’après Gobineau, c’est la communauté du sang.

Cette théorie a été critiquée par de nombreux sociologues, notamment MM. Manouvrier et Bouglé. — L’expérience et l’histoire déposent contre la théorie de Gobineau.

Dès les temps très anciens la pureté de race est un mythe. « Quelle que fût la prétention du monde antique à la pureté du sang, cette pureté existait bien rarement, dit M. Bagehot. La plupart des nations historiques ont vaincu des nations préhistoriques ; mais quoique elles aient massacré une multitude de vaincus, elles ne les ont pas massacrés tous. On réduisait en esclavage les hommes de la race soumise et l’on épousait les femmes[2]. »

Si dans l’antiquité, en Grèce, à Rome et dans l’Inde, la communauté du sang a été souvent une fiction, que dire de l’histoire moderne et des unités nationales qui la couronnent ? Ces unités nationales ne sont souvent

  1. Nous résumons la théorie de Gobineau d’après Barth, Philosophie der Geschichte, p. 237.
  2. Bagehot, Lois scientifiques du développement des nations, p. 74.